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Histoires d’Amour

Anthologie de 23 nouvelles sentimentales dont j’ai assuré la direction. J’en signe la préface et l’illustration de couverture.

Cet ouvrage est paru dans la collection Méandres de vie, aux éditions Sombres Rets.

 

 

Les nouvelles sont de :  Michaël Moslonka, Pierre Benazech, Ombeline Duprat, Cyril Carau, Yvette Auméran, Esmeralda Bianca, Sylvain Boïdo, Emmanuelle Boreau, Céline Brenne, Emmanuelle Cart-Tanneur, Pierre Chaffard-Luçon, Jérémie Ciholyas, Yves-Daniel Crouzet, Frédéric Czilinder, Inès El-Shikh, Jennifer Flajolet-Toubas, Marie Jaouen, Sybille Marchetto, Pascaline Nolot, Marc Oreggia, Didier Reboussin, Teo Silis et Thomas Spok

 

 

Le quatrième de couverture :

L’Amour, comme une quête de bonheur, une aspiration impossible, une soif d’absolu, la recherche de l’âme-sœur.
L’Amour qui attend le bon moment pour s’en venir, qui lutte contre le temps, qui demeure une vie entière ou un bref instant.
L’Amour enflammant le corps, troublant la raison et l’esprit, dépassant les limites du genre ou de la mort.
L’Amour qui transcende l’espace, la matière, l’être et ce qu’on a de plus précieux, l’étincelle en nous qui sait donner la vie.
Qu’elles prennent un tour sensuel, fantastique, comique ou tragique, ces vingt-trois histoires d’amour vous porteront à la rencontre de personnages attachants, convaincus de la force du sentiment amoureux et de son unicité.

 

 

Les premiers mots de ma préface :

« L’Amour, thème au combien universel, inspire des œuvres dans tous les domaines de la création artistique. En littérature, les histoires d’amour sont passées du statut d’élément participatif au récit à élément fondateur de celui-ci, lorsqu’au début du 20e siècle se développent de multiples collections consacrées au roman sentimental (aux éditions Tallandier puis, plus tard, aux éditions Harlequin). Le récit d’amour est, de nos jours, à la fois très populaire et très moqué. Bien sûr, l’histoire d’amour était déjà présente dans des textes antérieurs, en tant que principe social, jalon d’une vie, prétexte à des actes irrévocables… »

Le Volcryn, George R. R. Martin

 

Le Volcryn de GRR MartinParu chez ActuSF éditions ce court roman du renommé Georges R.R. Martin (auteur de la saga fantasy Le Trône de fer) nous donne en fait à découvrir deux intrigues à fois parallèles et intimement intriquées. En premier, il y a la quête des volcryns, objet de recherche, de questionnement culturel et scientifique, pour lesquels l’équipe de Karoly s’enfonce dans des régions reculées de l’espace, dans l’espoir d’un premier contact avec ces entités. Étonnamment, ces derniers ne sont point perçus comme de potentiellement dangereux par les missionnés, qui nous apparaissent alors, à nous, lecteurs du 20e siècle, curieusement étrangers, délivrés de la peur primaire de l’autre, de la différence.

 

Pourtant ce premier constat est un leurre, en quelques pages, l’auteur nous montre que ce n’est pas l’enthousiasme qui prédomine dans le vaisseau, mais bien la suspicion et la crainte. Celles-ci se cristallisent dans le mystérieux commandant de l’Armageddon avec lequel les autres passagers n’ont de contact que grâce aux interphones et à l’hologramme apparaissant aux heures de repas. C’est là les bases de la deuxième intrigue jouée dans le théâtre du vaisseau : Qui est le commandant ? Quelle est sa véritable nature ? Pourquoi refuse-t-il de se montrer ou de laisser accès à certaines parties du vaisseau ? Le roman acquiert ainsi sa véritable forme narrative : un dangereux huit-clos qui va voir cet échantillonnage d’humains surdoués, hautement spécialisés, scientifique, xénobiologiste, cybertechnicienne, télépathe, linguiste, au prise avec des aléas triviaux : l’incapacité à communiquer, la curiosité, la promiscuité, la paranoïa, l’égotisme, la jalousie sexuelle, les préjugés.

 

Si l’auteur n’a rien fait pour rendre ses personnages attachants, les traitant sans complaisance aucune, qualifiant certains de laid, de sales, de gros… il parvient néanmoins à provoquer un peu d’empathie chez le lecteur par un effet flouté de miroir ; on souhaite évidement que l’humanité soit préservée. S’il est fait mention de relations sexuelles entre les protagonistes, celles-ci ne sont pas montrées (fausse pudeur ? habituelle censure américaine ?), rabaissées à des pratiques obligées, hygiéniques ou sanitaires. Plusieurs personnages se dégagent de la masse à la toute fin du récit, mais je pense que le format « petit roman » ou « novella » était décidément trop court pour espérer donner une vraie épaisseur aux nombreux personnages de cette histoire.

 

En dehors des personnages, reste le contexte, les histoires entremêlées évoquées ci-dessus, la richesse de certains concepts propres à la science-fiction et une narration plutôt tournée vers l’action, avec des rebondissements et un style dynamique, mais sans notable élégance, un peu moins fonctionnel pourtant que ce qu’on trouve trop souvent dans les romans du genre.

 

Un mot encore sur l’objet livre : C’est un petit format presque carré, agréable à tenir et à parcourir. La couverture mat lui confère au toucher un aspect particulier, la maquette intérieure est très simple, mais la relecture a été de qualité, je n’ai guère remarqué que quelques espaces manquants.

Du même auteur, je vous recommande la lecture du recueil Le roi des sables du même auteur et plus particulièrement la nouvelle éponyme qui conjugue avec brio et la même intensité cette fois : style, richesse du contexte SF et psychologie des personnages.

 

L’oeuvre d’une vie

Un auteur est-il capable de créer plus de un ou deux cycles vraiment très réussis ou commet-on une seule grande œuvre dans sa vie ?

Je me suis posée cette question en relevant sur de nombreux forums de lecture des avis plutôt mitigés sur les derniers cycles de Fantasy, Les cités des Anciens, Le soldat chamane, d’une auteure que j’apprécie particulièrement, Robin Hobb. Ces précédents, L’assassin royal, Les aventuriers de la mer, sont quant à eux présentés comme des chef d’œuvre, des ouvrages ayant renouvelé le genre.

A bien y songer, quel auteur reconnu aura été capable de nous offrir plusieurs opus-univers de qualité supérieure, sans « recycler » un minimum ses précédents univers ?

Si je pense à Zélazny, je ne pense qu’aux princes d’Ambre, Tolkien et son seigneur des anneaux, Asimov et ses robots, Herbert et Dune. Orson Scott Card ferait l’exception avec Ender d’une part et Alvin le faiseur de l’autre, mais les univers de ces deux cycles sont si différents qu’il parait étrange de les comparer sur un même plan. De même que Vance qui tape dans plusieurs registres avec Cugel, la fantasy comique,  Lyonesse l’héroic-fantasy, le planet opera avec Tshaï, les Baladins, Cadwal, le polar SF : les princes démons, le space opera, Alastor… Mais moi-même je les trouve d’une qualité très disparate.

Cela tient-il aux littératures imaginaires en général ? Si on s’intéresse aux personnages récurrents que l’on trouve par exemple dans les polars (commissaire, privé, légiste…) , on continue de noter qu’il existe fort peu de multipaternité. Un, Deux, trois héros par auteur se partagent le haut de l’affiche.

Alors, bien sûr, tout est question de goût, des lecteurs trouveront sans doute des tas d’exemples d’oeuvres cycliques tout aussi intéressantes chez le même auteur.

Ma question n’en a pas moins de sens lorsque l’on s’intéresse aux processus d’écriture puis d’édition. Cela viendrait-il alors de l’architecture ramifiée, aux situations détaillées, universalistes de ce que l’on appelle les cycles ? Parce que les véritables cycles se caractérisent par la construction non pas d’une intrigue et d’un contexte assorti, mais de tout un univers (un monde) dans lequel s’inscrira l’intrigue et les multiples intrigues secondaires. L’échelle spatiale est grande, l’échelle temporelle, de même, surtout pour des histoires qui couvrent des générations de personnages.

Même les auteurs les plus prolixes n’ont peut-être pas une durée de vie suffisante pour créer et écrire une multitude d’histoire originales et prenantes… Et nombre d’entre eux resteront inconnus, et sans la récompense d’une première publication, les germes d’un autre cycle dément finiront par sécher au fond d’un tiroir.

J’imagine que les auteurs, que cette question tourmente autant que la peur de la page blanche, trouvent moyen d’insuffler le maximum de vie à chacune de leurs œuvres et qu’ils embrassent cette idée romantique et morbide à la fois qu’il leur faut exceller, car l’histoire sera peut-être la dernière qu’ils auront à narrer.