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Illustrons le printemps ! à Rognes

Samedi 15 juin 2024, j’aurais plaisir à rejoindre la charmante municipalité de Rognes pour participer à l’évènement « Illustrons le printemps ».

 

Durant cette journée de festival, de nombreuses animations et rencontres auront lieu dans la ville (Cours Saint-Etienne, Place du Monument aux Morts, Cour de la médiathèque). Expositions, ateliers, ventes de créations « au naturel », dédicaces, spectacle, concert… sont au programme. A télécharger ici (ou à visionner ci-dessous) pour préparer votre journée, seul ou en famille ! C’est gratuit, mais pour certaines activités, il faut réserver. C’est le cas par exemple pour l’atelier d’écriture que je vais animer.

 

Une session est prévue le matin, une autre l’après-midi, pendant lesquelles le printemps, nos sens, mais aussi notre idée du monde de demain nous serviront d’inspiration pour écrire. Une double session, à une double vocation : débuter une histoire et pourquoi pas : débuter une carrière d’auteur.  

 

A très bientôt ! smile

 

Extrait de Ténèbres blanches

La rédaction et les corrections de Ténèbres blanches prennent fin, ce mois-ci, et cela tombe bien, car le printemps aidant, j’ai très envie de me pencher sur un nouveau projet plus léger et à destination de plus jeunes lecteurs. Ce roman-ci, à destination des adolescents et se déroulant en Antarctique, a demandé un petit surplus de concentration et de rigueur concernant les recherches bibliographiques et la cohérence scientifique. Il m’a surtout permis de voyager plus loin que prévu et de jongler  avec les peurs des personnages… Actuellement, à Vostok ou à Concordia, il fait – 68 °C, ces stations scientifiques du continent blanc s’avancent vers la nuit permanente. Sous nos latitudes confortables, je vous propose de découvrir cet extrait de Ténèbres blanches et vous souhaite la bienvenue à Fortuna :

       — Monsieur le Secrétaire ? La couverture nuageuse va en diminuant, nous approchons du 70e parallèle, prévient le copilote par la sonorisation des casques.

       Il y a deux heures, lorsqu’ils ont décollé du porte-avion Kœnig, croisant dans la mer Dumont-d’Urville qui borde Terre-Adélie, les flots gris répondaient au ciel dans la même tonalité. Au survol des terres, le brouillard et les nuages se sont densifiés, limitant la visibilité directe, mais sur le Pétrel 2, cet appareil ultramoderne, outre les projecteurs surpuissants, les pilotes ont bien d’autres outils pour acquérir des données sur l’environnement. Ils sont acheminés en toute sécurité.

        Cris colle son front à la vitre pour sonder les nuées. Lorsqu’elles se déchirent enfin, il n’y a rien à voir que de gigantesques étendues blanches. Les sommets de la chaîne Transantarctique ne sont pas observables, mais cette apparente platitude de l’inlandsis est un leurre. Dessous la banquise, des reliefs fantastiques demeurent cachés : des monts, des vallées, des lacs, des volcans et même les restes de forêts fossilisées… Et quand ils auront touché à leur but, ils évolueront sur des champs de glace à 2500 mètres de hauteur.

     Quelques minutes plus tard, Cristobal perçoit la perte d’altitude par une gêne dans l’oreille. L’hélicoptère ultramoderne vient d’entamer la descente. Remué par une nausée, l’adolescent se demande ce qu’il fait là. Changer d’air, oui, mais pour un air polaire ? Un sentiment d’irréalité le visite tandis que leur objectif se devine dans la glace : la base Fortuna. Site exceptionnel par sa localisation, mais aussi par sa double et nouvelle vocation : la recherche scientifique et l’exploitation minière. On pourrait rajouter : par son architecture… songe Cris en détaillant les installations futuristes qui grossissent sous ses yeux.

      Le dôme central, avec sa coupole géodésique d’acier bleuté, et ses « unités », organisées tout autour : deux longs hangars, rasant la calotte glaciaire, couverts par des panneaux photovoltaïques héliotropes et quatre heptagones irréguliers. Ce quatuor de bâtiments compte trois niveaux, leur toit est facetté, coupé par la verrière d’un puits de lumière, qui laisse entrer le jour ou la radiance des étoiles du cycle polaire. Les unités de vie sont montées sur d’énormes vérins hydrauliques pour les isoler et anticiper l’élévation des glaces.

     S’y ajoutent des galeries suspendues et d’autres enterrées. Pour résister à la pression titanesque de la glace, ce sont de véritables sarcophages de béton, on devine leur tracé même en hauteur. Ces conduits relient toutes les constructions, sauf la structure arrondie du télescope qui joue l’électron libre en périphérie. À l’opposé de celui-ci, trois éoliennes de belle taille fournissent une autre portion d’énergie propre à la base scientifique. Oui, ça ressemble à une molécule chimique à moitié enfoncée dans une gelée blanche.

      Tout disparaît quand les retors de l’appareil mettent en suspension des écailles de glace dures comme de la pierre…

 

 

[Ecrire un récit ] Structure d’un récit schématisée

Mon côté scientifique qui ressort… Voici un graphique de ce que je crois la structure d’un récit :

Quelques explications :

Qu’on écrive un récit court, ce qu’on appelle une nouvelle, ou tout un roman,  la structure du récit est un peu toujours celle-ci. Un peu, parce qu’en tant qu’auteur, on fait ce qu’on veut, il n’y qu’une seule règle : raconter bien une bonne histoire. Donc on peut avoir des modifications concernant la taille de ces étapes ou l’ordre d’apparition de ces étapes. Personnellement, je pense que c’est quand on va s’en écarter un petit peu, (pour suivre son instinct, son inspiration), qu’on va produire un texte plus original, et donc meilleur.

Reste qu’on va souvent utiliser les mêmes matériaux de base :

  • Milieu : univers, temporalité, contexte, cadre. (parfois le milieu est aussi important qu’un personnage, ou devient un personnage)
  • Intrigue : problème, le nœud de l’histoire, la question, le changement.
  • Personnages : effecteurs de l’histoire, répondent à la question, challenge intérieur. (héros unique ou principaux, secondaires, alliés, ennemis…)
  • Évènements : les étapes qui mènent à la résolution du problème, challenge externe.

 

Dynamique, fonctionnement du récit :

Plus on avance dans le récit, plus on fait appelle à ces constituants, plus on complexifie (sans trop perdre le lecteur), et plus on crée de la tension (la ligne rouge) et de l’attente chez le lecteur. Répétition des échecs, émotion, empathie vis-à-vis du personnage, intérêt et questionnement croissant par rapport à l’intrigue… Tout cela crée de la tension.  Jusqu’au sommet, avec son combat final, ses révélations, etc.

Puis quand on a terminé le récit, on a en a fini avec chacun de ces ingrédients, tout est dit sur le milieu, tout est résolu dans l’intrigue, et on met un stop aux cheminements des personnages…

Sur ce schéma, la ligne rouge représente la tension, mais on pourrait dessiner l’évolution d’autres marqueurs :

  • les réussites/échecs du héros
  • l’émotion du lecteur et les états d’âmes des personnages
  • les questionnements du héros et du lecteur
  • des transformations successives des personnages, ou du milieu

Ultime conseil :

Pour écrire un « bon » texte, on doit sans cesse se mettre à la place du héros, dans le milieu, subissant les évènements. Pour écrire un très bon texte, on doit surtout se mettre à la place du lecteur et se demander comment il va réagir à l’intrigue, avec quel évènement placé à quel moment, on va le surprendre, avec quel type de personnage on va l’émouvoir…