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Change-peaux

Nouvelle publiée dans Pouvoir et Puissance, anthologie dirigée par Cyril Carau, éditions Sombres Rets

Il s’agit d’une grosse nouvelle de Dark-Fantasy de 50 000 signes espaces comprises qui met en scène un peuple sur le déclin, fuyant la désertification, poussé à la guerre et aux dernières extrémités pour survivre.

Elle a été illustrée par Cyril Carau.

Les premières lignes :

” Subsides d’âmes et restes de corps se mêlent aux poussières de la plaine assoiffée. D’ocre carminée, elle est le berceau d’ethnies à la peau sombre, à la vue perçante, aux bras solides pour triompher de l’existence. Des peuples de chasseurs, d’éleveurs et de guerriers qui savent que la vie est courte et jalonnée d’obstacles affermissant tant leurs corps que leurs cœurs qu’ils vouent à des dieux belliqueux. Mais leur présence en ce lieu de désolation sonne comme un anathème. Veinée de lézardes, la terre s’y effrite au soleil, se disloque en profonds sillons comme pour tracer une carte dont toutes les routes mènent vers l’enfer. La voûte du ciel ne sait plus pleurer ; elle a pris les teintes désespérantes d’un azur parfait, et là-haut, si haut, si indifférent à la souffrance de la tribu, règne l’astre solaire qui emprisonne la plaine de son souffle de forge… “

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[Chronique de lecture ] Intime Pulsion

Sorti chez Pocket, cet excellent roman noir que nous devons à Minette Walters, une grande dame du suspense, retrace les évènements, heure par heure, d’une manifestation qui dégénère dans un quartier très défavorisé d’une petite ville d’Angleterre. Ses habitants, la police, les acteurs sociaux, personne ne savait à quel point il était assis sur une poudrière, pourtant, tous avaient clamés haut et fort, un jour ou l’autre, qu’il y aurait des ennuis à Acid Row. Le déclencheur, la disparition d’une fillette et le bruit qui court selon lequel un pédophile aurait été relogé dans le quartier… Minette Walters sait faire prendre la sauce !
Elle nous plonge dans un suspense qui prend pied sur plusieurs tableaux, les émeutes, la recherche de l’enfant, faisant de son ouvrage, un enquête policière, un drame psychologique, un rapport sociètal sur ce les dysfonctionnement de la presse, de la justice, de la police, des problèmes d’urbanisation. Confrontés au “pire” de l’humanité, aux instincts les plus sauvages et les plus dangereux, on voit évolué dans le bon et le mauvais des personnages attachants car très “vrais” au milieu d’une meute humaine prise de folie.
Il n’y a rien de “mou”, de forcé ou de clichés dans les évènements que l’auteur raconte, tout s’enchaine avec maitrise et efficacité et les “adjonctions” des transcriptions de la police participent de ce dynamisme dans cette course contre la montre : retrouver Amy, calmer la foule, se sortir vivant des évènements…Un thriller haletant donc, mais point insensible, loin de là ! Il nous pose aussi des questions sur la tolérance, les préjugés, sur la place de l’enfant dans le monde adulte… Des personnages réalistes pour lesquels on frémit et qu’on a presque l’impression d’avoir déjà croisés dans la rue, dans notre propre quartier.

Minette regarde le monde et ses problèmes avec acuité et raison, Intime Pulsion nous renvoie l’ascenceur de notre propre conflit, préjugés et peurs ! love

[Chronique de lecture ] Des Roses et des Monstres

Il s’agit d’un recueil de nouvelles qui, comme son nom l’indique, nous amène à la rencontre de créatures et d’évènements étranges dans une ambiance aux senteurs de roses et de fantastique.
Edité précédement au Colibri, cet ouvrage vient de reparaître aux éditions Nuits d’Avril, allongé de deux nouvelles supplémentaires.
La très belle illustration de couverture est signée Dorian Machecourt.
17 nouvelles très différentes et pourtant marquantes par les qualités de plume de l’auteur, Estelle Valls de Gomis, son habileté à mettre en scène et en lumière notre 19ème siècle ou des mondes uchroniques qui lui ressemblent, à la ville comme la campagne, de Londres à la Roumanie…

Le mythe du vampire, mainte fois utilisé, s’éveille à d’autres horizons, plus intime, plus proche de nous ou au contraire d’anciennes traditions. 17 nouvelles pour lesquelles les créatures de la nuit se montrent parfois touchantes, souvent cruelles, sont omniprésentes ou à peine des ombres.
La rose, elle-même, est un buisson, un parfum, une simple mention sous la plume de l’auteure ou un personnage à part entière aux épines duquel il vaut mieux éviter de se piquer. Ce qui est beau, n’est pas forcément bon mais l’inverse peut aussi être vrai. Dans l’univers d’Estelle, il y a peu de hasard, mais des destinées qui penchent vers l’immortalité ou la vie éphèmère d’une rose qui s’épanouit un matin pour se faner le soir.
Dans l’univers d’Estelle, il y a toujours du mystère. Des arcanes à demi dévoilées dans ce tome, des crimes et des intrigues, ne trouveront leur pleine conclusion que dans les Gentlemen de l’Etrange (Le Calepin Jaune Editions). Pour deux nouvelles de ce recueil, les chutes sont un peu trop en demi-teinte, on s’y perd, on reste sur sa faim. Pour d’autres au contraire, le texte ouvre vers l’infini, la fantasmagorie et une résonnance qui se poursuit bien après qu’on ait refermé l’ouvrage. Parmi mes préférées : ” Redmond Silverglade“, “Le Banquet de la Rose et du Livre“, “Mademoiselle Rose“, “Princezna Vladislava“, “Le Spectre d’Orlando” et “Centfeuilles, cent Folies“.

Dans ces nouvelles, l’auteur nous fait partager sa vision d’un certain romantisme noir, élégance et cruauté, sa passion pour la littérature fantastique et son amour des belles tournures. love