Le spleen de l’écrivain



J’ai le spleen de l’écrivain…

Le spleen de l’écrivain c’est un peu la même sensation  que la déprime post-exam, le coup de mou qui suit un grand évènement, la période de calme après tempête où l’on se sent comme désoeuvrée, encore trop pétrie de discipline, de tensions pour être vraiment capable de relâcher la pression.

Je viens de terminer ma relecture et cette routine qui était la mienne de plonger dans cette histoire à chaque moment libre me provoque, maintenant qu’elle n’est plus suivie, des bouffées de nostalgies contextuelles. Qu’est-ce que j’aurais pu écrire d’autre ? Qu’auraient dû dire ou faire mes personnages ? Ce n’est pas tant que je doute de mon procédé et de ma trame, non ! C’est purement affectif. Comme lorsque l’on se refait le film d’une journée particulièrement intense, d’un évènement heureux qu’on voudrait avoir à revivre à l’infini.

Mais c’est douloureux, comme émotion. Un arrachement. Le point final à la création qui rime avec le mot « séparation ». Si je ne craignais pas le ridicule, j’irais jusqu’à comparer ça au syndrome post-partum sauf qu’en ce qui concerne les hormones, je suis pas bien sûre de savoir identifier celles qui interviennent dans le processus d’écriture !  lol C’te blague !

Alors donc, c’est psychologique. Et c’est irrationnel, je le conçois, comme toute petite déprime qui ne prend raçine que sur presque rien. Freud dirait que mon « moi » donne à l’achèvement de ce roman une teinte positive, ça l’est, c’est certain. Tandis que mon « surmoi » refoule un certains nombres d’élèments qui donneraient à penser que dans ce roman, il y a une partie de moi que j’ai peur de perdre ou de révéler, que je n’assume pas. Quant au « ça », j’imagine bien que le plaisir d’écrire puisse se relier à une pulsion masturbatoire, on se regarde le nombril, nous autres auteurs. peur Faites pas semblant que non. Désaccord entre les trois compartiments = désordre…

On tourne en rond, on arrête pas d’y penser, on a envie de rien sinon que de remettre la tête dedans car c’est ce qu’on faisait les jours d’avant. Et ensuite ? Comment en sort-on ? On remonte en selle, à la découverte de nouveaux rivages et de nouveaux visages à esquisser la plume à la main ? Peut-être bien.

Demain, je reprends l’écriture d’Æsir.

Bye Bye lovers

C’est pas peu fière que je passe écrire ce petit billet entre deux maquettes.

Ce midi, j’ai mis le point final à mon roman d’amour (voir message précédent). Il est encore un peu tôt pour tirer des conclusions, faire un bilan, j’ai pas vraiment de recul sur l’histoire, le style, vous pensez bien ! mais je peux faire deux trois constats :

  • 480 000 signes espaces compris (j’avais prévu 250 000, c’est dire combien je suis forte en pronostics !)
  • 32 jours d’écriture intensive (et love song en boucle…)
  • en moyenne : 2H, 2H30 par jour (un chouya plus les week-end et les nuits où j’ai eu mal aux dents)
  • La « blanche », c’est beaucoup plus rapide ( facile ?) à écrire que ne le sont les épopées Fantasy ou les multivers de Science-fiction.
  • :warrior: La protocelte en moi a même réussi à s’attacher à ces personnages. Cela présage d’une phase de Novel Blues.

Je passe maintenant en mode correction. Et ensuite, mon bêta-lecteur qui grogne déjà de la longueur du bébé pourra se faire les dents dessus.

Défi de printemps : le roman d’amour

Avec mon compagnon, on s’est lancés un drôle de défi, après avoir pris connaissance de l’appel à manuscrit d’une nouvelle maison d’édition : Ecrire un roman d’amour.

Si Cyril a déjà composé des textes sentimentaux, érotiques, ce qu’on appelle « en gros » la littérature blanche (pour l’opposer à la noire : le polar, ou à l’imaginaire par exemple). Moi je suis grande novice en la matière, parce que mes quelques essais dans ce genre aussi infructueux, qu’honteux, datent de mon adolescence.

De plus, c’est pas une littérature que je lis beaucoup, du moins dans sa composante moderne. Parce que la blanche des grands classiques, ça j’en dévore toujours, de même que les récits historiques.

Pour autant, en mars, on a parié des clopinettes qui serait le premier à finir son manuscrit et pour l’instant, je frime car venant de rajouter une ligne dans mon tableau de projet, je suis bonne première.

On a radicalement pas la même méthode d’écriture.

Cyril a commencé par longuement s’informer auprès de sa soeur et de ses nièces de ce qui leur plaisait dans les romans d’amour, puis il leur a emprunté leur livre préféré parmi lesquels  il y avait un Anna Gavalda, un Michel Déon… Qu’il a lu pour se nourrir du genre.

Moi je me suis contentée de ramener à la surface de mes pensées, d’anciennes lectures, j’avais peur de me parasiter, de trop douter au moment de mettre en place ma propre histoire.

J’ai donc construit mon récit dans ma tête, en prenant comme point de départ le personnage principal et en l’habillant d’un vécu, d’une histoire, d’espoirs, de petites lâchetés et de faiblesses pour le rendre humain. J’ai gambergé longuement avant d’écrire la première ligne, Cyril avait pris de l’avance et disposait déjà d’un plan solide. Enfin, je me suis lancée après avoir établi trois règles qui me semblent majeures pour écrire ce genre d’ouvrage :

  • utiliser un style fluide et moderne (plus simple et efficace que celui de mes écrits imaginaires)
  • adopter un point de vue intimiste (rendre le personnage humain jusqu’à la couleur de ses chaussettes dépareillées)
  • avoir à l’esprit que les histoires d’amour qui plaisent le mieux, sont celles qui sont un brin compliquées à la base et qui peinent à se mettre en place.

 Pour finir, j’ai ajouté quelques ingrédients secrets : un peu de mystère, de l’excentricité, des tracas ordinaires et extra-ordinaires, une certaine idée de la destinée…

Avec mes 115 000 signes, je me trouve presque à mi-parcours. Finalement, ça me fait du bien d’envisager des récits plus courts, j’avance d’autant plus vite que la ligne d’arrivée ne me semble pas bien loin. Et puis il y a un autre avantage à écrire une histoire contemporaine, qui parle d’un quotidien qui pourrait être le mien, on a moins besoin de se documenter, on fait moins de descriptions, donc le récit est plus vivant, car il y a logiquement plus de dialogues.

Par contre, si je me sens de plus en plus à l’aise dans cette phase d’écriture, j’ai vraiment dû mal à envisager l’accueil que me feront mes premiers lecteurs et bêta-lecteurs. C’est très différent de ce que j’écris d’habitude. Cela me donne plus de trac que pour un texte imaginaire, mais ça n’est pas déplaisant, au contraire, ce genre de défi génère de nouvelles aspirations, des ouvertures sur d’autres façons d’écrire.