Dans son roman publié au Grimoire, Yvan Barbedette nous donne à suivre deux fils narratifs. Celui qui concerne Roy et son entourage, aux environs de l’an 3000, dans une société « utopique » où les humains atteignent l’immortalité à 22 ans, et les évènements fondateurs de cette société. Lesquels sont à découvrir, au fil des pages, en scrutant le passé, aux alentours des années 2090, lorsque deux Terriens issus de l’ingénierie génétique tentent de perce le mystère d’un objet extraterrestre visitant notre système solaire. Cette division dans la narration pourrait constituer un écueil si l’auteur n’avait pas choisi et réussi à distiller les informations avec parcimonie, de manière à conserver du suspense.
Si le début du roman montre quelques longueurs (et langueurs chez Roy) cela fonctionne assez bien, en sous-texte, pour nous exprimer d’une autre manière le caractère pesant, malsain, mensonger, de cette société future qui abolit le cycle de la vie et renverse celui de l’amour. Avec plusieurs moments d’action et retournements de situation, l’auteur nous permet de nous raccrocher facilement aux ramifications de sa trame, d’y trouver de nouveaux aspects intéressants.
Il ne s’agit pas de hard-science, mais plutôt d’une science-fiction enrichie de quelques éléments plus pointus pour asseoir le réalisme du texte. Le roman d’Yvan Barbedette se focalise davantage sur l’humain (sociologie, psychologie, croyance, et même art graphique) que sur les prodiges technologiques qui placent les Terriens dans un monde, de prime abord idéal, mais dans lequel ils ont finalement régressé et perdu leur liberté…
Un roman construit intelligemment, bien écrit et dépaysant, dans un univers original. Il s’enrichit d’illustrations sympathiques de Ronan Lescop et de compositions musicales de Donat Watine