[Chronique de lecture ] Intime Pulsion

Sorti chez Pocket, cet excellent roman noir que nous devons à Minette Walters, une grande dame du suspense, retrace les évènements, heure par heure, d’une manifestation qui dégénère dans un quartier très défavorisé d’une petite ville d’Angleterre. Ses habitants, la police, les acteurs sociaux, personne ne savait à quel point il était assis sur une poudrière, pourtant, tous avaient clamés haut et fort, un jour ou l’autre, qu’il y aurait des ennuis à Acid Row. Le déclencheur, la disparition d’une fillette et le bruit qui court selon lequel un pédophile aurait été relogé dans le quartier… Minette Walters sait faire prendre la sauce !
Elle nous plonge dans un suspense qui prend pied sur plusieurs tableaux, les émeutes, la recherche de l’enfant, faisant de son ouvrage, un enquête policière, un drame psychologique, un rapport sociètal sur ce les dysfonctionnement de la presse, de la justice, de la police, des problèmes d’urbanisation. Confrontés au “pire” de l’humanité, aux instincts les plus sauvages et les plus dangereux, on voit évolué dans le bon et le mauvais des personnages attachants car très “vrais” au milieu d’une meute humaine prise de folie.
Il n’y a rien de “mou”, de forcé ou de clichés dans les évènements que l’auteur raconte, tout s’enchaine avec maitrise et efficacité et les “adjonctions” des transcriptions de la police participent de ce dynamisme dans cette course contre la montre : retrouver Amy, calmer la foule, se sortir vivant des évènements…Un thriller haletant donc, mais point insensible, loin de là ! Il nous pose aussi des questions sur la tolérance, les préjugés, sur la place de l’enfant dans le monde adulte… Des personnages réalistes pour lesquels on frémit et qu’on a presque l’impression d’avoir déjà croisés dans la rue, dans notre propre quartier.

Minette regarde le monde et ses problèmes avec acuité et raison, Intime Pulsion nous renvoie l’ascenceur de notre propre conflit, préjugés et peurs ! love

[Chronique de lecture] La princesse noire, Serge Brussolo

Serge Brussolo est un conteur qui sait savamment faire revivre pour le lecteur les temps passés en leur donnant toute la saveur et la surprise d’une première fois. Avec La Princesse Noire, il nous emmène à la rencontre du peuple viking, post-christianisation, à une époque charnière où les anciens mythes côtoient la nouvelle religion. Inga, jeune orfèvre, incarne cette dualité, son père, ancien pillard des mers lui a enseigné ses croyances en Odin, Thor etc… sa mère convertie au christianisme, la pousse vers une vie citadine confortable, mais Inga est enlevée et vendue comme esclave à une étrange châtelaine sur une île où plus qu’ailleurs encore, on vit dans la superstition et les anciennes traditions du panthéon nordique.

Bien écrit et bien documenté, ce roman nous offre le frisson du récit d’épouvante, l’étonnement d’une bonne intrigue, ramifiée et mystérieuse, et un dépaysement assuré.

Il ne s’agit pas d’images d’Epinal, les terribles guerriers vikings à la base de nombreux récits sont ici abordés d’une autre façon : au crépuscule de leur conquête. Héros ou bourreaux, ils finiront par déposer les armes et rentrer à quai, promettant l’oubli à leurs croyances et à leurs usages guerriers.

Aussi, le temps principal de l’action se passe-t-il à terre, en compagnie de personnages aux motivations tortueuses, cruelles, dans une contrée rude où la loi reste pourtant celle du plus fort. Mais c’est aussi un récit intelligent, sensible, qui fait la part belle à cette force à vivre qu’ont les enfants. L’héroïne, à mi-chemin entre l’enfance et l’âge adulte, incarne, sans ostentation, la tolérance, l’espoir et la raison parmi des êtres marqués et influencés par les drames passés de leur existence.

Un beau récit, une belle aventure à dévorer d’une traite !

[Chronique de lecture] Erzebeth Bathory, la comtesse sanglante, Sophie Dabat

Sophie Dabat est une jeune auteure pétillante et passionnée de littérature fantastique qui signe une novella horrifique éditée aux éditions québécoises Les six brumes. Ce court ouvrage de 70 pages, au mignon format, donne l’impression d’un petit carnet intime. Et c’est bien l’intimité d’une femme très particulière que Sophie Dabat nous conte, avec une plume élégante et bien sentie, habile à faire vivre les émotions de son personnage.

On y entrevoit l’âme noire d’une créature orgueilleuse qui croît de l’enfance à son mariage et au-delà. On y flirte avec des codes médiévaux révolus, les superstitions populaires, l’influence de l’église en une époque et un lieu capable d’engendrer les plus abjectes cruautés.

La seconde partie de l’ouvrage peut paraitre assez elliptique, si on ne connait pas ce personnage historique. Au regard des détails de la première partie, on aurait souhaité en apprendre davantage, on ne nous dit que le meilleur et le pire comme les tranches de vie d’un journal intime…

En conclusion, c’est une lecture bien agréable cependant titillée par des coquilles typo et orthographiques.