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[Chronique de lecture ] Des Roses et des Monstres

Il s’agit d’un recueil de nouvelles qui, comme son nom l’indique, nous amène à la rencontre de créatures et d’évènements étranges dans une ambiance aux senteurs de roses et de fantastique.
Edité précédement au Colibri, cet ouvrage vient de reparaître aux éditions Nuits d’Avril, allongé de deux nouvelles supplémentaires.
La très belle illustration de couverture est signée Dorian Machecourt.
17 nouvelles très différentes et pourtant marquantes par les qualités de plume de l’auteur, Estelle Valls de Gomis, son habileté à mettre en scène et en lumière notre 19ème siècle ou des mondes uchroniques qui lui ressemblent, à la ville comme la campagne, de Londres à la Roumanie…

Le mythe du vampire, mainte fois utilisé, s’éveille à d’autres horizons, plus intime, plus proche de nous ou au contraire d’anciennes traditions. 17 nouvelles pour lesquelles les créatures de la nuit se montrent parfois touchantes, souvent cruelles, sont omniprésentes ou à peine des ombres.
La rose, elle-même, est un buisson, un parfum, une simple mention sous la plume de l’auteure ou un personnage à part entière aux épines duquel il vaut mieux éviter de se piquer. Ce qui est beau, n’est pas forcément bon mais l’inverse peut aussi être vrai. Dans l’univers d’Estelle, il y a peu de hasard, mais des destinées qui penchent vers l’immortalité ou la vie éphèmère d’une rose qui s’épanouit un matin pour se faner le soir.
Dans l’univers d’Estelle, il y a toujours du mystère. Des arcanes à demi dévoilées dans ce tome, des crimes et des intrigues, ne trouveront leur pleine conclusion que dans les Gentlemen de l’Etrange (Le Calepin Jaune Editions). Pour deux nouvelles de ce recueil, les chutes sont un peu trop en demi-teinte, on s’y perd, on reste sur sa faim. Pour d’autres au contraire, le texte ouvre vers l’infini, la fantasmagorie et une résonnance qui se poursuit bien après qu’on ait refermé l’ouvrage. Parmi mes préférées : ” Redmond Silverglade“, “Le Banquet de la Rose et du Livre“, “Mademoiselle Rose“, “Princezna Vladislava“, “Le Spectre d’Orlando” et “Centfeuilles, cent Folies“.

Dans ces nouvelles, l’auteur nous fait partager sa vision d’un certain romantisme noir, élégance et cruauté, sa passion pour la littérature fantastique et son amour des belles tournures. love

Le carnaval du lazaret

Nouvelle publiée dans Le Calepin Jaune n°14.

Texte de 30 000 signes espaces comprises, vampirique, fantastique, vénitien et victorien. C’est un écrit auquel je tiens particulièrement parce qu’il a présidé à ma rencontre avec Estelle Valls de Gomis, collaboratrice, éditrice, auteure dont je suis fan et plus encore adorable amie.

Ma nouvelle a été illustrée par Cyril Carau.

Il est du nombre des nouvelles de La botte secrète, encore en cours d’écriture, un recueil qui rassemble des intrigues se déroulant en Italie.

Les premières lignes :

” Je suis ce que je suis, ni une jeunesse, ni une héroïne de contes de fée… Je suis ce que je suis, à l’envers du temps et des eaux saumâtres qui rongent les étais de la cité vénitienne. J’ai près de trois cents ans d’âge, sans compter ceux que j’ai vécus sous une apparence humaine. Si mon cœur s’est arrêté de battre, il y a bien longtemps, il y résonne encore les clameurs des flots de la lagune, le chant clapotant de la pluie sur le dôme de San Marco, le bruit spongieux du gondolier enfonçant sa perche. Je ne connais plus le goût du vin, des mets raffinés servis à la table des princes ou du pain chaud acheté contre quelques ducats sur la place du marché. Mes yeux se perdent sur des abîmes de ténèbres recouvrant ma patrie aux portes de la nuit. Les couleurs que je sais parer les corniches, les balcons aériens et les volets des maisons et des palais, s’occultent à mon regard depuis que la grande bouche de noirceur m’a avalée. Mais mon être, lui, se souvient encore ce que c’était d’être vivante… “