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[Chronique de lecture] Les Chroniques des Féals, Mathieu Gaborit

J’ai lu cet ouvrage en version poche « J’ai lu » soit 3 volumes intitulés dans l’ordre : Cœur de Phénix, Le Fiel et Le Roi des Cendres.

La lecture de deux autres ouvrages, Les Chroniques des Crépusculaires et Abyme m’avait laissé de très bons souvenirs, alors c’est avec entrain que j’ai commencé la lecture de cette nouvelle histoire. Mais au final, je m’en suis trouvée déçue.

S’il n’y a rien à dire sur le style : fluide et plaisant, si un imaginaire débordant et original se trouve à la source de toutes les idées de cet auteur, on ne peut que se trouver étonnée de la structuration même de celles-ci au sein d’un récit qui semble précipité, avec des bonnes idées sans suite, d’autres mal exploitées…

Gaborit place l’action dans un monde d’hommes en étroites relations, tant sociales, religieusesn que politiques avec des créatures magiques, les Féals, à l’apparence et au pouvoir étonnant : licorne, griffon… Ceux-là ont été à l’origine de la constitution du M’Onde par leurs batailles qui n’ont cessés que lorsque « leur part sombre » a été séquestrée à l’extérieur d’eux-mêmes. Mais dans l’ombre du M’Onde, existe la Charogne, le royaume des morts dont les ressortissants ne souhaitent qu’une chose : rejoindre le M’Onde et le conquérir. On suit les aventures d’un jeune garçon (du moins dans les deux premiers tomes) qui oeuvrera contre cette menace.

Rien de bien original donc, concernant ce personnage central durant le premier tome qui ressemble à tant d’autres courses poursuites à travers diverses contrées et en compagnie de différents personnages secondaires.

Mais déjà, on se trouve parfois étonné ou désarçonné par la rapidité de certains évènements, à la limite de la vraisemblance, le côté caricatural de certains personnages.

Dans le second tome cela empire, des personnages très accessoires à qui on accorde beaucoup de pages mais qui disparaissent complètement sans qu’on est eu vent de la finalité de leurs desseins pourtant développés par l’auteur, des relations entre personnage qui se nouent très rapidement, qui se révèlent au grand jour, sans presque de signes avant-coureur. Et des passages entiers qui n’apportent rien à l’intrigue principale sinon un éclairage (utile ?) sur l’univers.

Le tome 3 voit culminer tout ces problèmes mais j’y ajoute que l’auteur change à ce moment-là complètement de mode de narration : on a plus un personnage central mais diverses nouveaux personnages dont l’histoire s’alterne dans deux chapitres consécutifs. Notre héro lui « disparaît plus ou moins », nous laissant en compagnie d’un nouveau personnage clé assez anti-charismatique. Et pour finir le récit compte nombre d’incohérences, des liens forcés entre certains évènements, des raccourcis, des choses non élucidées, pour finir sur une chute ni surprenante ni assez bien développée pour qu’elle soit marquante ou simplement… « une chute »

Les quelques ajouts épistolaires de l’auteur à la fin de son ouvrage, me font l’effet d’un rajout forcé : des idées non exploitées qu’il souhaitait absolument mettre sur papier ?

En conclusion, je suis dans l’expectative, tant de belles idées, de matériaux et une exploitation si étrange, si rapide et inégale m’amènent à me poser des questions sur les motivations de l’auteur et sur une possible pression éditoriale (pour finir le bouquin à l’heure ? pour le boucler en un certains nombres de pages ?)

[Chronique de lecture] Faerie Hackers, Johan Heliot

Sur les deux chemins, d’un monde féerique et de notre époque contemporaine, ce roman, signé Johan Heliot et publié chez Mnémos, nous entraîne à la rencontre d’entités démoniaques qui utilisent les technologies cybernétiques pour arriver à leurs fins : sortir de l’enfer. L’auteur se montre très inventif et son talent de conteur allié à un style sûr donne réalité à ces deux univers, nous dévoilant un royaume de Faerie peuplé de diverses et pourtant mythiques créatures, leur octroyant des us, préoccupations sociétales et politiques assez différentes des inspirations médievales que l’on trouve souvent dans les histoires mettant en scène les peuples féeriques.

Son enfer des démons est dantesque et le lien qui existe entre la prison démoniaque et les atrocités commises dans notre monde moderne se trouve à la base de ce récit qui mêle thriller, cybernique, urban fantasy et univers parallèle féerique. L’enquête en elle-même ne résisterait pas à quelques célèbres et romanesques limiers, c’est presque trop simple, mais pour les personnages de Johan Heliot, un poil caricaturaux, c’est déjà assez compliqué comme cela.

L’auteur, s’il ne cesse de nous étonner par ses idées, les liens qu’il tisse entre des sources d’inspiration très diverses : une société de jeu vidéo dont les objectifs sont à la fois financiers et démoniaques, des vengeances d’outre monde, un voleur de peau, un combat dans le cimetière de Montmartre, un prince en danger défendu par un mousquetaire féerique qui aurait inspiré Dumas, une fée en exil politique, des joueurs de jeux vidéos devenant assassin, a dû mal à faire prendre la mayonnaise lorsqu’il s’agit de tisser des relations entre les personnages, de faire naître des sensations et des sentiments chez le lecteur autre que la simple distraction de lire un roman original et dépaysant.

Certains aspects même des relations entre l’héroïne et le héros sont des classiques : la scène de la douche ou le gros smack final à l’hôpital sur fond de happy end.

Une bonne lecture donc, divertissante et réjouissante par ce mélange de genre, mais n’allez pas y chercher de grandes vérités ou de messages subliminaux, tout est à portée de lecture, peut-être même un peu trop en ce qui concerne les protagonistes de l’histoire.