Alors que j’ai laissé de côté le deuxième livre de mon roman Æsir, pour me consacrer à la rédaction de deux nouvelles dans le cadre d’un recueil fantastique que je prépare… j’en profite pour écrire un petit billet technique.
Je suis parallèlement en train de pourvoir aux bétalectures et corrections des textes à paraitre dans l’Univers VII d’OutreMonde et je me dis que certains doivent méconnaitre les bonnes adresses internet qui me permettent de décoquiller ( j’ai le droit à deux néologismes par billet, alors commencez pas à vous moquer :pff: ) au moins un peu mes textes.
La forme :
Attention à l’orthographe :
Il y a d’excellents dictionnaires en ligne, mon préféré toute catégorie est lexilogos, car il est multilingue et propose des index contemporains mais aussi un lien vers le Littré et autres… (pour les vieux mots ou les emplois désuets, intéressant quand on écrit un récit historique ou de fantsy). Il y a aussi des tas d’autres outils (argots, traduction, étymologie, citations, cartes etc…)
Pour la conjugaison et la grammaire :
L’inénarrable bescherelle a son équivalent en ligne : le conjugueur
Pour la mise en page :
Pas de ressources internet très précises ou très claires, mais il vous suffit d’ouvrir un bouquin. La plupart du temps, il faut :
- justifier son texte (sauf la dernière ligne d’un paragraphe qui se doit d’être aligné à gauche, normalement tous les logiciels de traitement de texte le font automatiquement)
- retour à la ligne et alinéa lorsqu’on change de paragraphe (et seulement dans ce cas, or titre de partie, dialogue etc…)
- pour le dialogue : retour à la ligne, grand tiret (celui-ci : — ) + un espace (on peut aussi introduire la première réplique et fermer la dernière par les guillemets français, « », mais ce n’est pas obligatoire )
- mettre en italique les mots étrangers et les pensées
- tandis que les citations dans le texte (ex : Bubulle dit « le poisson rouge» aimait…) sont plutôt à noter par des guillemets
- Pour les tatillons : en début de phrase, utilisez les caractères accentués en majuscule.
- Sauter des lignes lorsqu’on change de partie : coupure temporelle, géographique, changement de point de vue narratif. ( Le changement d’idée renvoie plutôt à un changement de paragraphe qui se fait sans saut de ligne)
Veillons au style :
Vous savez cette chose qu’on espère avoir mais qui peut nous faire du tort parce qu’on le maitrise mal ou qu’il ne fait pas l’unanimité parmi le lectorat…
Pas de recettes magiques, mais deux, trois pistes à explorer parmi lesquelles :
- Le vocabulaire. Oui, il en faut et pour éviter de faire des répétitions parfois assommantes pour le lecteur, vous pouvez contrôler « la richesse » de votre phrasé grâce à cet outil : TextStat. Vous pourrez ensuite recourir à un dico de synonymes
- Les structures de phrases : varier la place du sujet, des adverbes et utilisez parfois une forme passive pour contrarier la monotonie. Varier aussi les connecteurs logiques, ils sont importants pour l’enchaînement des idées mais aussi le rythme.
- Les figures de style, les tournures : faire des images aident le lecteur à visualiser. Il faut jouer sur la musicalité des mots, on en juge en lisant ses phrases à voix haute. De même qu’il est utile pour un dialogue de se « le jouer » comme au théâtre pour voir si certaines répliques sont « prononçables ». Quant aux descriptions, on nous dit souvent d’utiliser nos cinq sens, ce n’est pas idiot, mais ça ne doit pas non plus être systématique au risque d’alourdir et de délayer son propos.
Un dernier conseil pour les coquilles de forme : Se relire. Oui, d’accord, l’auteur est un mauvais correcteur qui est facilement happé par son propre texte et ne voit jamais ses propres fautes, mais y’a une parade : concentrez-vous et commencez par lire la fin. La dernière phrase, puis la phrase du dessus… vous verrez qu’il vous sera bien plus difficile d’être entraîné votre propre prose et de passer à côté de vos fautes ou répétitions de mots.
Le fond et les idées :
C’est l’âme de votre texte et vous êtes son confesseur, je n’irai donc pas m’immiscer dans votre relation secrète. Mais il peut être utile de se questionner sur :
1. Le statut du narrateur et le point de vue narratif :
Quelques notions ici, pour les moins avertis. C’est important et ça peut tout changer, se poser la question, c’est statuer sur l’impact qu’aura le texte sur le lecteur. Le texte peut « demander » l’utilisation de tel point de vue, du fait des évènements racontés, mais dans l’absolu on peut également utiliser chacun des statuts et point de vue, c’est une question d’habilité.
2. La structure et l’équilibre du récit :
On les connait toutes, même intuitivement, il s’agit des grandes parties d’un récit :
- Situation initiale (situation normal, état d’équilibre)
- Déclencheur (apparition de l’élèment perturbateur)
- Déroulement et développement ( l’élèment perturbateur évolue, se développe, on cherche une solution)
- Dénouement (c’est le moment clé du texte : victoire ou défaite face à l’élèment perturbateur)
- Situation finale (retour à un état d’équilibre)
C’est un schéma grossier mais réaliste. Bien sûr, dans l’enchaînement du récit, ces parties ne sont pas forcément dans cet ordre (utilisation de flashback), ni également développées.
Pour se pencher davantage sur la méthode :
Il faut faire un plan. J’entends souvent des auteurs déclarer qu’ils n’en sont pas capables, qu’ils n’écrivent bien que dans l’instant, l’improvision, qu’ils aiment se garder la possibilité de se surprendre eux-mêmes, plutôt que de tout contrôler et planifier. Ces arguments se tiennent et peuvent aboutir à rendre un texte plus dynamique, moins rigide… Mais pour vérifier que son texte est bien cohérent et « égal » dans sa structure, rien n’empêche de réaliser le plan a posteriori pour vérifier sur le papier qu’on a rien oublié, que tout s’enchaîne bien, que tout est développé « comme il faut ». On peut pour cela noter les principales phases et actions du texte, leurs liens de cause à effet, ainsi que le nombre de pages, signes qui y sont consacrés. Ensuite on réfléchit dessus, on raisonne sur tel aspect ou on répond de ses choix vis-à-vis de soi-même.
3. La matière brute :
Vous avez les idées, mais rien n’empêche d’approfondir en faisant un peu de bibliographie. Wikipédia est un premier bon outil.
Même s’il s’agit de textes de fiction, quelques élèments réalistes et probants, données scientifiques ou historiques, permettent d’ancrer votre texte dans « un imaginaire probable » d’autant plus attractif que le lecteur pourra » y croire » et rentrer plus facilement dans l’action.
De plus, il ne faut pas négliger qu’un bon texte peut être tributaire d’un message historique, écologique, social, politique, philosophique… Il est alors fondamental de vérifier ses sources, ses références et assertions.